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"La révolution numérique bouleverse nos vies et jusqu’à présent, elle a eu lieu sans réflexion philosophique ni cadre juridique international. A la veille des débats sur les projets de lois sur le numérique d’Axelle Lemaire et d’Emmanuel Macron, voici quelques réflexions de Jacques Cheminade sur cette question essentielle, présentées le 16 avril à l’IUT de Tours.
Nous vivons l’une des plus grandes révolutions de l’histoire de l’humanité : c’est l’ère du numérique et c’est une excellente nouvelle. Il y a là une source d’échange de connaissances, de mutualisation, de solidarité et de coopération.
Cependant, deux très mauvaises nouvelles l’accompagnent. La première est que pour l’instant, cette révolution se déroule principalement sous la domination de puissances financières, qui entendent faire de ces nouveaux outils, consciemment ou par inertie dominante, un instrument de concentration de pouvoir, de richesses et de puissance militaire, sans précédent dans l’histoire.
La seconde est que la conceptualisation stratégique est défaillante. Il existe des ouvrages de haute tenue critique sur la nature de l’évolution, mais aucun, à ma connaissance, n’a conceptualisé la transformation de l’univers physique que l’on devra associer au numérique pour échapper au conditionnement des esprits. Cette révolution n’est accompagnée d’aucune réflexion philosophique ni cadre juridique international.
Bref, le numérique reste, pour l’instant, aux mains des puissances de l’argent et échappe au contrôle des Etats. C’est le fameux septième continent de GAFA (Google , le cartographe ; Apple , le fournisseur d’applications ; Facebook , l’animateur social centralisé, et Amazon , le pourvoyeur de produits)."
"Ensuite, le défi est de retrouver une conception réellement créatrice de l’être humain, l’amenant à découvrir des principes — c’est le domaine de la science — et leurs applications technologiques plus productives, avec un accroissement du pouvoir économique transformateur par être humain et par unité de surface. C’est cela l’économie proprement dite et non acheter bon marché et revendre plus cher.
L’on pourra ainsi sortir d’une conception cybernétique des rapports humains qui réduisent l’homme à un instrument, — émetteur/récepteur — avec effet de retour appliqué à tout, quelle que soit la nature du message. En lui substituant un explorateur, toujours porté vers des ordres plus élevés de puissance par la découverte de principes nouveaux. Il les découvrira dans son esprit, dans un domaine auquel jamais un ordinateur ou une IA, aussi sophistiquée et utile soit-elle, ne pourront parvenir.
Dans La France contre les robots, George Bernanos disait déjà : « L’avenir est quelque chose qui se surmonte, on ne subit pas l’avenir, on le fait » . Et Roland Barthes l’exprimait à sa façon, « l’avenir dévoile en se faisant des issues inimaginables ».
Voilà donc la responsabilité fondamentale des Etats, qui se situe à la fois dans le domaine de l’éducation nationale et de la formation professionnelle. L’éducation nationale doit, bien entendu, apprendre à lire, à écrire et à coder, mais bien davantage, à stimuler les capacités créatrices de chacun par delà l’induction, la déduction et toutes leurs formules."
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