https://nicolasbonnal.wordpress.com/2019/02/20/%ef%bb%bfla-legendaire-interview-de-cerise-sur-le-systeme-qui-vaut-bien-cent-livres-mais-attention-plus-de-onze-mille-mots/C'est le week-end un peu de lecture pour le monde post intelligence
"Conformément aux vœux de leurs financiers de Wall-Street, les nazis ont été les Pères fondateurs du transhumanisme moderne. Leur anthropologie, appuyée sur une interprétation puérile du concept de surhomme de Nietzsche, relevait d’un principe de transformation du donné naturel et visait à la création d’un Nouvel Homme par l’ingénierie génétique. Les libertaires gauchistes qui font la promotion du transgenre et du changement de sexe ou d’identité à volonté en sont les dignes descendants spirituels, avec Toni Negri et Deleuze. Ils se reconnaîtraient peut-être davantage chez les soviétiques, qui furent plus prompts à dégainer l’alibi progressiste (« Du passé, faisons table rase ») pour défendre des programmes similaires de reconstruction intégrale de la nature humaine.
Et comme on le voit sous la plume de Jacques Attali (ainsi que chez Ray Kurzweil et Howard Bloom), la pointe fine du sionisme fusionne également avec le projet transhumaniste et adopte à ses heures la notion corollaire de « Nouvel Ordre Mondial », nouvel ordre issu du chaos selon la terminologie de l’Illuminisme anglo-saxon (voir Aldous Huxley et consorts). En un sens, Claude Vorilhon, alias Raël, a tout compris de son époque, lui qui imbrique le Svastika lévogyre, symbole de destruction, avec les deux pyramides entrelacées de l’étoile de David sur fond de clonage reproductif ! Bref, il semble que tous les « tarés de la Terre » (et non pas les damnés) convergent depuis toujours dans le transhumanisme.
Du transhumanisme au post-humanisme, puis au postmodernisme, il n’y a qu’un pas. En fait, c’est la même chose. Le postmodernisme, c’est quoi ? En un mot, le postmodernisme c’est quand la copie remplace l’original. L’original est imparfait, on le remplace par sa copie retouchée et lissée, comme sur Photoshop. Le transhumanisme ou le post-humanisme remplacent l’humain original par des copies soi-disant améliorées, augmentées (comme la « réalité augmentée » virtuellement). Aujourd’hui, c’est tout le monde réel qui se trouve menacé par une vague de déréalisation postmoderniste et de remplacement par sa copie réécrite. Le Réel c’est ce qui ne se contrôle pas. Pour arriver au contrôle total dans ces conditions, pas d’autre choix que de détruire le Réel original et de le remplacer par sa copie virtuelle. Puis on produit des copies de copies à l’infini, pour parvenir à un contrôle toujours croissant. À la fin, il ne reste de l’original qu’un simulacre complètement dévitalisé et désubstantialisé. Sur le plan politique, c’est l’avènement de la post-démocratie, qui n’est qu’une pâle imitation de la démocratie originale, comme on le voit dans l’Union européenne (référendums annulés, limogeage de Papandréou, etc.).
Idem dans le champ des religions : il y a autant de rapports entre le judaïsme et Israël qu’entre l’islam et l’Arabie saoudite, ou le christianisme et les États-Unis. C’est-à-dire à peu près aucun, en dehors de la récupération de signes extérieurs d’affiliation identitaire, mais des signes totalement vidés de leur substance. Le capitalisme est passé par là. Pour être juste, dans ces pays il faut donc parler de post-judaïsme, de post-christianisme et de post-islam. Quand le capitalisme veut se donner un supplément d’âme pour mobiliser ses troupes, il se pare d’oripeaux mythologiques et raconte une histoire, par exemple qu’il n’est pas fondé sur une hiérarchie de classes socioéconomiques mais qu’il agit pour une communauté culturelle ou ethnique, etc. Bref, il joue du pipeau et tente de vous prendre par les émotions. Cela marche quand même sur les individus et les groupes sociologiques naïfs, peu politisés, en détresse ou angoissés."