Re: Les théories du complot...
Posté : 26 oct. 2024, 11:20
"Si vous n’êtes pas horrifiés par ce qui se passe, si vous n’êtes pas ébranlé jusqu’au fond de vous-même, c’est que votre humanité est en défaut"
Message du révérend Munther Isaac à Bethléem lors de Noël 2023
Nous sommes en colère…
Nous sommes brisés…
Cela devrait être un temps de joie ; mais nous sommes en deuil. Nous avons peur.
20 000 personnes tuées. Des milliers sont encore sous les décombres. Pas loin de 9 000 enfants tués par les moyens les plus brutaux. Jour après jour après jour. 1,9 million de déplacés ! Des centaines de milliers d’habitations ont été détruites. Gaza telle que nous la connaissons n’existe plus. C’est un anéantissement. Un génocide.
Le monde regarde ; les Églises regardent. Les Gazaouis envoient en direct des images de leur propre exécution. Peut-être que le monde y est sensible ? Mais cela continue…
Nous posons la question : cela pourrait-il être notre sort à Bethléem ? À Ramallah ? À Jénine ? Cela est-il aussi notre destin ?
Nous sommes tourmentés par le silence du monde. Les dirigeants du soi-disant « monde libre » sont venus tour à tour donner le feu vert à ce génocide contre une population captive. Ils ont fourni une couverture. Non seulement ils ont fait en sorte de régler d’avance la facture, mais ils ont masqué la vérité et le contexte, assurant une couverture politique. En plus, une autre épaisseur a été ajoutée : la couverture théologique, l’Église occidentale se plaçant sous les projecteurs.
L’Église sud-africaine nous a enseigné le concept de “théologie d’État”, définie comme “la justification théologique du statu quo, avec son racisme, son capitalisme et son totalitarisme.” Des concepts théologiques et des textes bibliques sont alors dévoyés en vue d’objectifs politiques.
Ici en Palestine, la Bible est transformée en arme hostile. Notre texte sacré à nous. Dans notre terminologie en Palestine, nous parlons de l’Empire. Ici nous affrontons la théologie de l’Empire. Un déguisement proclamant la supériorité, la suprématie, “l’élection” et la jouissance de droits. Parfois on utilise une jolie couverture, faite de mots comme « mission », « évangélisme », « réalisation d’une prophétie », « propagation de la liberté ». La théologie de l’Empire devient un outil puissant pour masquer l’oppression sous le manteau de la sanction divine. Ils divisent ainsi les gens entre “nous” et “eux”. Il s’agit de déshumaniser et de diaboliser. Ils parlent d’une terre sans peuple alors qu’ils savent que la terre a un peuple – et ce n’est pas n’importe quel peuple. Ils parlent de vider Gaza, à l’instar de leurs déclarations sur le nettoyage ethnique de 1948, appelé un « miracle divin”. Ils demandent que nous, les Palestiniens, nous allions en Égypte, ou peut-être en Jordanie, ou pourquoi pas dans la mer ?
“Seigneur, voulez-vous que nous commandions au feu de descendre du ciel et de les consumer ?” ont-ils dit à notre propos. C’est cela, la théologie de l’Empire.
Cette guerre a confirmé que le monde ne nous considère pas comme égaux. C’est peut-être la couleur de notre peau. C’est parce que nous sommes du mauvais côté de l’équation politique. Même notre parenté avec le Christ ne nous a pas protégés. Comme ils l’ont dit, s’il faut tuer 100 Palestiniens pour éliminer un seul “combattant armé du Hamas”, qu’il en soit ainsi ! Nous ne sommes pas des êtres humains à leurs yeux. (Mais aux yeux de Dieu… personne ne peut dire que nous ne le sommes pas !)
L’hypocrisie et le racisme du monde occidental est évidente et effrayante ! Il reçoit toujours les paroles des Palestiniens de façon suspicieuse et avec des réserves. Non, nous ne sommes pas traités comme des égaux. Pourtant, l’autre côté, malgré son lourd bilan de désinformation, est presque toujours considéré comme infaillible !
À l’intention de nos amis européens : je ne veux plus jamais vous entendre nous faire encore des discours sur les droits humains ou le droit international. Nous ne sommes pas blancs – cela ne s’applique pas à nous, selon votre propre logique.
Au cours de cette guerre, les nombreux chrétiens du monde occidental ont veillé à ce que l’Empire dispose de la théologie nécessaire. C’est de la légitime défense, nous a-t-on dit ! (Et je demande : Comment ?)
Dans l’ombre de l’Empire, ils ont transformé le colonisateur en victime, et le colonisé en agresseur. Avons-nous oublié que l’État a été édifié sur les ruines des villes et villages de ces mêmes Gazaouis ?
Nous sommes indignés par la complicité de l’Église. Soyons clairs : le silence est complicité, et les appels creux à la paix sans cesser le feu et sans mettre fin à l’occupation, et les phrases vaines sur l’empathie sans action directe — tout cela est toujours sous l’enseigne de la complicité. Voici donc mon message : Gaza est aujourd’hui devenue la boussole morale du monde. Gaza était l’enfer sur terre avant le 7 octobre.
Si vous n’êtes pas horrifiés par ce qui se passe ; si vous n’êtes pas ébranlé jusqu’au fond de vous-même – c’est que votre humanité est en défaut. Si nous, en tant que chrétiens, ne sommes pas indignés par ce génocide, par la transformation de la Bible en arme pour le justifier, c’est que notre témoignage chrétien est en défaut, et que cela compromet la crédibilité des Évangiles !
Si vous n’arrivez pas à appeler cela un génocide, c’est à vous que cela incombe. C’est un péché, une part de ténèbres, que vous adoptez de plein gré.
Certains n’ont même pas demandé un cessez-le-feu…
C’est pour vous que je suis désolé. Pour nous, cela ira. Malgré le coup immense que nous avons subi, nous nous rétablirons. Nous nous relèverons, nous nous dresserons de nouveau au milieu des ruines, comme nous l’avons toujours fait en tant que Palestiniens, même si ceci est de loin le coup le plus énorme que nous ayons reçu depuis longtemps.
Mais encore une fois, vous qui êtes complices, je suis désolé pour vous. Vous en rétablirez-vous ?
Votre charité, vos mots scandalisés APRÈS le génocide, ne changeront rien. Des paroles de regret ne suffisent pas, dans votre cas. Nous n’accepterons pas vos excuses après le génocide. Ce qui est fait est fait. Je vous demande de vous regarder dans la glace… et de demander : où étais-je ?
À nos amis qui sont ici avec nous : Vous avez quitté vos familles et vos églises pour être avec nous. Vous incarnez le terme d’accompagnement – une solidarité de grand prix. “Nous étions en prison, et vous êtes venus jusqu’à nous.” Quelle différence saisissante avec le silence et la complicité d’autres personnes. Votre présence ici signifie la solidarité. Votre visite a déjà laissé une impression qui ne nous sera jamais enlevée. À travers vous, Dieu nous a dit que “nous ne sommes pas abandonnés”. Comme le Père Rami de l’Église catholique l’a dit ce matin, vous êtes venus à Bethléem, et comme les Rois mages, vous avez apporté des dons, mais ces cadeaux sont plus précieux que l’or, l’encens et la myrrhe. Vous avez apporté les cadeaux de l’amour et de la solidarité.
Nous en avions besoin. Pendant cette saison, plus peut-être que par autre chose, nous avons été troublés par le silence de Dieu. Pendant les deux derniers mois, les Psaumes de lamentation sont devenus un compagnon précieux. Nous avons crié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné Gaza ? Pourquoi caches-tu ton visage à Gaza ?
Dans notre souffrance, notre angoisse, notre lamentation, nous avons cherché Dieu, et nous l’avons trouvé sous les décombres de Gaza. Jésus a été la victime d’une violence identique, celle de l’Empire. Il a été torturé. Crucifié. Il a saigné tandis que d’autres regardaient. Il a été tué et il a crié dans sa souffrance – Mon Dieu, où es-tu ?
À Gaza aujourd’hui, Dieu est sous les décombres.
Et en cette saison de Noël, tandis que nous cherchons Jésus, nous ne le trouverons pas du côté de Rome, mais de notre côté du Mur. Dans une grotte, avec une famille de gens simples. Vulnérable. De justesse, et miraculeusement, ayant survécu à un massacre. Dans une famille de réfugiés. Voilà où l’on trouve Jésus.
Si Jésus devait naître aujourd’hui, il naîtrait sous les décombres de Gaza. Quand nous glorifions l’orgueil et la richesse, Jésus est sous les décombres…
Quand nous comptons sur la puissance, la force et les armes, Jésus est sous les décombres…
Quand nous justifions, rationalisons et théologisons le bombardement des enfants, Jésus est sous les décombres…
Jésus est sous les décombres. Voilà sa crèche. Il est chez lui, aux côtés des marginalisés, des souffrants, des opprimés et des déplacés. Voilà sa crèche.
J’ai regardé longuement, j’ai contemplé cette image iconique… Dieu avec nous, précisément de cette façon. CECI est l’incarnation. Souillée. Ensanglantée. Pauvre.
Cet enfant est notre espoir et notre inspiration. Nous regardons et le voyons dans chaque enfant tué et extrait des décombres. Pendant que le monde continue à rejeter les enfants de Gaza, Jésus dit : “chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères et mes sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait.” “C’est à moi que vous l’avez fait” : Jésus ne les appelle pas seulement les siens, il est eux !
Nous regardons la sainte famille et nous la voyons dans chaque famille déplacée et errante, maintenant sans abri et sans espoir. Pendant que le monde discute du sort des gens de Gaza comme s’ils étaient des cartons encombrants dans un garage, Dieu dans le récit de Noël partage leur sort ; Il marche à leur côté et les appelle les siens.
Cette crèche parle de résilience (soumoud – صمود). La résilience de Jésus est dans sa tendresse, sa faiblesse et sa vulnérabilité. La majesté de l’incarnation réside dans sa solidarité avec les marginalisés. Résilience parce que ce même enfant s’est levé au milieu de la douleur, de la destruction, des ténèbres et de la mort pour défier des Empires ; pour dire la vérité au pouvoir et remporter une victoire définitive sur la mort et les ténèbres.
Aujourd’hui, c’est Noël en Palestine, et voici le message de Noël. Il n’est pas question du Père Noël, des arbres, des cadeaux, des guirlandes… etc. Mon Dieu, à quel point nous avons déformé la signification de Noël. À quel point nous avons commercialisé Noël. J’étais aux États-Unis le mois dernier, le premier mois après Thanksgiving, et j’étais stupéfait de la quantité de décorations et de guirlandes de Noël, et de toutes ces marchandises. Je ne pouvais m’empêcher de penser : Ils nous envoient des bombes, pendant qu’ils célèbrent Noël dans leur pays. Ils entonnent dans leur pays des chansons sur le prince de la paix, pendant que dans notre pays ils frappent sur le tambour de guerre.
Noël à Bethléem, lieu de naissance de Jésus, c’est cette crèche. C’est aujourd’hui le message que nous envoyons au monde. C’est un message de bonne nouvelle, un véritable, authentique message de Noël, évoquant un Dieu qui n’a pas gardé le silence, mais qui a pris la parole, et sa Parole, c’est Jésus. Né parmi les occupés et les marginalisés. Il est solidaire avec nous dans notre douleur, nous qui sommes brisés.
Cette crèche est notre message d’aujourd’hui au monde – et il est simple : ce génocide doit cesser MAINTENANT. Répétons-le au monde : STOP au génocide MAINTENANT.
Message du révérend Munther Isaac à Bethléem lors de Noël 2023
Nous sommes en colère…
Nous sommes brisés…
Cela devrait être un temps de joie ; mais nous sommes en deuil. Nous avons peur.
20 000 personnes tuées. Des milliers sont encore sous les décombres. Pas loin de 9 000 enfants tués par les moyens les plus brutaux. Jour après jour après jour. 1,9 million de déplacés ! Des centaines de milliers d’habitations ont été détruites. Gaza telle que nous la connaissons n’existe plus. C’est un anéantissement. Un génocide.
Le monde regarde ; les Églises regardent. Les Gazaouis envoient en direct des images de leur propre exécution. Peut-être que le monde y est sensible ? Mais cela continue…
Nous posons la question : cela pourrait-il être notre sort à Bethléem ? À Ramallah ? À Jénine ? Cela est-il aussi notre destin ?
Nous sommes tourmentés par le silence du monde. Les dirigeants du soi-disant « monde libre » sont venus tour à tour donner le feu vert à ce génocide contre une population captive. Ils ont fourni une couverture. Non seulement ils ont fait en sorte de régler d’avance la facture, mais ils ont masqué la vérité et le contexte, assurant une couverture politique. En plus, une autre épaisseur a été ajoutée : la couverture théologique, l’Église occidentale se plaçant sous les projecteurs.
L’Église sud-africaine nous a enseigné le concept de “théologie d’État”, définie comme “la justification théologique du statu quo, avec son racisme, son capitalisme et son totalitarisme.” Des concepts théologiques et des textes bibliques sont alors dévoyés en vue d’objectifs politiques.
Ici en Palestine, la Bible est transformée en arme hostile. Notre texte sacré à nous. Dans notre terminologie en Palestine, nous parlons de l’Empire. Ici nous affrontons la théologie de l’Empire. Un déguisement proclamant la supériorité, la suprématie, “l’élection” et la jouissance de droits. Parfois on utilise une jolie couverture, faite de mots comme « mission », « évangélisme », « réalisation d’une prophétie », « propagation de la liberté ». La théologie de l’Empire devient un outil puissant pour masquer l’oppression sous le manteau de la sanction divine. Ils divisent ainsi les gens entre “nous” et “eux”. Il s’agit de déshumaniser et de diaboliser. Ils parlent d’une terre sans peuple alors qu’ils savent que la terre a un peuple – et ce n’est pas n’importe quel peuple. Ils parlent de vider Gaza, à l’instar de leurs déclarations sur le nettoyage ethnique de 1948, appelé un « miracle divin”. Ils demandent que nous, les Palestiniens, nous allions en Égypte, ou peut-être en Jordanie, ou pourquoi pas dans la mer ?
“Seigneur, voulez-vous que nous commandions au feu de descendre du ciel et de les consumer ?” ont-ils dit à notre propos. C’est cela, la théologie de l’Empire.
Cette guerre a confirmé que le monde ne nous considère pas comme égaux. C’est peut-être la couleur de notre peau. C’est parce que nous sommes du mauvais côté de l’équation politique. Même notre parenté avec le Christ ne nous a pas protégés. Comme ils l’ont dit, s’il faut tuer 100 Palestiniens pour éliminer un seul “combattant armé du Hamas”, qu’il en soit ainsi ! Nous ne sommes pas des êtres humains à leurs yeux. (Mais aux yeux de Dieu… personne ne peut dire que nous ne le sommes pas !)
L’hypocrisie et le racisme du monde occidental est évidente et effrayante ! Il reçoit toujours les paroles des Palestiniens de façon suspicieuse et avec des réserves. Non, nous ne sommes pas traités comme des égaux. Pourtant, l’autre côté, malgré son lourd bilan de désinformation, est presque toujours considéré comme infaillible !
À l’intention de nos amis européens : je ne veux plus jamais vous entendre nous faire encore des discours sur les droits humains ou le droit international. Nous ne sommes pas blancs – cela ne s’applique pas à nous, selon votre propre logique.
Au cours de cette guerre, les nombreux chrétiens du monde occidental ont veillé à ce que l’Empire dispose de la théologie nécessaire. C’est de la légitime défense, nous a-t-on dit ! (Et je demande : Comment ?)
Dans l’ombre de l’Empire, ils ont transformé le colonisateur en victime, et le colonisé en agresseur. Avons-nous oublié que l’État a été édifié sur les ruines des villes et villages de ces mêmes Gazaouis ?
Nous sommes indignés par la complicité de l’Église. Soyons clairs : le silence est complicité, et les appels creux à la paix sans cesser le feu et sans mettre fin à l’occupation, et les phrases vaines sur l’empathie sans action directe — tout cela est toujours sous l’enseigne de la complicité. Voici donc mon message : Gaza est aujourd’hui devenue la boussole morale du monde. Gaza était l’enfer sur terre avant le 7 octobre.
Si vous n’êtes pas horrifiés par ce qui se passe ; si vous n’êtes pas ébranlé jusqu’au fond de vous-même – c’est que votre humanité est en défaut. Si nous, en tant que chrétiens, ne sommes pas indignés par ce génocide, par la transformation de la Bible en arme pour le justifier, c’est que notre témoignage chrétien est en défaut, et que cela compromet la crédibilité des Évangiles !
Si vous n’arrivez pas à appeler cela un génocide, c’est à vous que cela incombe. C’est un péché, une part de ténèbres, que vous adoptez de plein gré.
Certains n’ont même pas demandé un cessez-le-feu…
C’est pour vous que je suis désolé. Pour nous, cela ira. Malgré le coup immense que nous avons subi, nous nous rétablirons. Nous nous relèverons, nous nous dresserons de nouveau au milieu des ruines, comme nous l’avons toujours fait en tant que Palestiniens, même si ceci est de loin le coup le plus énorme que nous ayons reçu depuis longtemps.
Mais encore une fois, vous qui êtes complices, je suis désolé pour vous. Vous en rétablirez-vous ?
Votre charité, vos mots scandalisés APRÈS le génocide, ne changeront rien. Des paroles de regret ne suffisent pas, dans votre cas. Nous n’accepterons pas vos excuses après le génocide. Ce qui est fait est fait. Je vous demande de vous regarder dans la glace… et de demander : où étais-je ?
À nos amis qui sont ici avec nous : Vous avez quitté vos familles et vos églises pour être avec nous. Vous incarnez le terme d’accompagnement – une solidarité de grand prix. “Nous étions en prison, et vous êtes venus jusqu’à nous.” Quelle différence saisissante avec le silence et la complicité d’autres personnes. Votre présence ici signifie la solidarité. Votre visite a déjà laissé une impression qui ne nous sera jamais enlevée. À travers vous, Dieu nous a dit que “nous ne sommes pas abandonnés”. Comme le Père Rami de l’Église catholique l’a dit ce matin, vous êtes venus à Bethléem, et comme les Rois mages, vous avez apporté des dons, mais ces cadeaux sont plus précieux que l’or, l’encens et la myrrhe. Vous avez apporté les cadeaux de l’amour et de la solidarité.
Nous en avions besoin. Pendant cette saison, plus peut-être que par autre chose, nous avons été troublés par le silence de Dieu. Pendant les deux derniers mois, les Psaumes de lamentation sont devenus un compagnon précieux. Nous avons crié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi as-tu abandonné Gaza ? Pourquoi caches-tu ton visage à Gaza ?
Dans notre souffrance, notre angoisse, notre lamentation, nous avons cherché Dieu, et nous l’avons trouvé sous les décombres de Gaza. Jésus a été la victime d’une violence identique, celle de l’Empire. Il a été torturé. Crucifié. Il a saigné tandis que d’autres regardaient. Il a été tué et il a crié dans sa souffrance – Mon Dieu, où es-tu ?
À Gaza aujourd’hui, Dieu est sous les décombres.
Et en cette saison de Noël, tandis que nous cherchons Jésus, nous ne le trouverons pas du côté de Rome, mais de notre côté du Mur. Dans une grotte, avec une famille de gens simples. Vulnérable. De justesse, et miraculeusement, ayant survécu à un massacre. Dans une famille de réfugiés. Voilà où l’on trouve Jésus.
Si Jésus devait naître aujourd’hui, il naîtrait sous les décombres de Gaza. Quand nous glorifions l’orgueil et la richesse, Jésus est sous les décombres…
Quand nous comptons sur la puissance, la force et les armes, Jésus est sous les décombres…
Quand nous justifions, rationalisons et théologisons le bombardement des enfants, Jésus est sous les décombres…
Jésus est sous les décombres. Voilà sa crèche. Il est chez lui, aux côtés des marginalisés, des souffrants, des opprimés et des déplacés. Voilà sa crèche.
J’ai regardé longuement, j’ai contemplé cette image iconique… Dieu avec nous, précisément de cette façon. CECI est l’incarnation. Souillée. Ensanglantée. Pauvre.
Cet enfant est notre espoir et notre inspiration. Nous regardons et le voyons dans chaque enfant tué et extrait des décombres. Pendant que le monde continue à rejeter les enfants de Gaza, Jésus dit : “chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères et mes sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait.” “C’est à moi que vous l’avez fait” : Jésus ne les appelle pas seulement les siens, il est eux !
Nous regardons la sainte famille et nous la voyons dans chaque famille déplacée et errante, maintenant sans abri et sans espoir. Pendant que le monde discute du sort des gens de Gaza comme s’ils étaient des cartons encombrants dans un garage, Dieu dans le récit de Noël partage leur sort ; Il marche à leur côté et les appelle les siens.
Cette crèche parle de résilience (soumoud – صمود). La résilience de Jésus est dans sa tendresse, sa faiblesse et sa vulnérabilité. La majesté de l’incarnation réside dans sa solidarité avec les marginalisés. Résilience parce que ce même enfant s’est levé au milieu de la douleur, de la destruction, des ténèbres et de la mort pour défier des Empires ; pour dire la vérité au pouvoir et remporter une victoire définitive sur la mort et les ténèbres.
Aujourd’hui, c’est Noël en Palestine, et voici le message de Noël. Il n’est pas question du Père Noël, des arbres, des cadeaux, des guirlandes… etc. Mon Dieu, à quel point nous avons déformé la signification de Noël. À quel point nous avons commercialisé Noël. J’étais aux États-Unis le mois dernier, le premier mois après Thanksgiving, et j’étais stupéfait de la quantité de décorations et de guirlandes de Noël, et de toutes ces marchandises. Je ne pouvais m’empêcher de penser : Ils nous envoient des bombes, pendant qu’ils célèbrent Noël dans leur pays. Ils entonnent dans leur pays des chansons sur le prince de la paix, pendant que dans notre pays ils frappent sur le tambour de guerre.
Noël à Bethléem, lieu de naissance de Jésus, c’est cette crèche. C’est aujourd’hui le message que nous envoyons au monde. C’est un message de bonne nouvelle, un véritable, authentique message de Noël, évoquant un Dieu qui n’a pas gardé le silence, mais qui a pris la parole, et sa Parole, c’est Jésus. Né parmi les occupés et les marginalisés. Il est solidaire avec nous dans notre douleur, nous qui sommes brisés.
Cette crèche est notre message d’aujourd’hui au monde – et il est simple : ce génocide doit cesser MAINTENANT. Répétons-le au monde : STOP au génocide MAINTENANT.