le résumé de la régate :
http://www.sports.fr/fr/cmc/jo_2004/200435.../cmc_47105.html
Merret l'a fait !
25/08/2004
Par AXEL CAPRON
De Sports.fr
Alors que la voile française n'avait plus été médaillée depuis les Jeux de Barcelone en 1992, Faustine Merret a apporté une magnifique médaille d'or à la délégation tricolore en s'imposant en planche féminine à l'issue de la dernière régate. En terminant 2e de cet ultime parcours alors que la tenante du titre, l'Italienne Alessandra Sensini, ne finissait que 7e, la Brestoise récolte les fruits de quatre ans de travail, elle qui avait été privée des Jeux de Sydney. Chapeau !
Faustine Merret a tenu bon.
Le signe indien est enfin vaincu ! Bredouille depuis deux olympiades, l'équipe de France de voile était arrivée à Athènes avec l'ambition clairement affichée de mettre fin à douze années de disette dans un sport traditionnellement bon pourvoyeur de breloques olympiques. Le début des compétitions, avec notamment l'échec des équipages de 470, pourtant considérés comme des prétendants au podium, laissait craindre un nouvel échec, heureusement pour les Bleus, Faustine Merret a su assumer son statut de favorite pour décrocher la première médaille d'or de la planche féminine.
Mais que ce fut dur ! Pendant les dix jours de compétition, la lutte en tête du classement général n'a en effet jamais cessé entre les quatre femmes qui se sont très vite détachées, la tenante du titre, l'Italienne Alessandra Sensini, la Chinoise Jian Yin, la représentante de Hongkong, Lai Shan Lee, et Faustine Merret. Au moment d'aborder l'ultime régate mercredi sur le plan d'eau d'Agios Kosmas, Sensini, Merret et Yin pouvaient encore espérer décrocher l'or, tandis que Lee restait en embuscade, prête à exploiter un éventuel faux pas adverse pour se hisser sur le podium.
Un scénario de rêve
Pour Faustine Merret, les données étaient claires: pour être sacrée championne olympique, elle devait laisser Sensini, leader provisoire, trois places derrière elle, tout en contrôlant la Chinoise. Dans un vent assez faible d'environ 8 nœuds, le scénario allait s'écrire comme dans un rêve pour la médaillée de bronze des derniers championnats du monde: troisième à la première bouée, la Française allait passer à la deuxième place lors des trois autres marques, derrière Jian Yin, parfaitement contrôlée. A l'arrivée, cette dernière remportait l'ultime régate, mais en se retournant, comprenait vite que le titre allait lui échapper, puisque c'est la voile battant pavillon français de Faustine Merret qui, 31 secondes plus tard, coupait la ligne d'arrivée.
Merret peut exulter, l'or est à elle !
C'était alors au tour de la sociétaire du club finistérien des Crocodiles de l'Elorn de jeter un coup d'œil derrière elle pour voir où en était Sensini: en constatant que l'Italienne était loin derrière, 7e, Faustine Merret pouvait exulter et sauter à l'eau, vite suivie par son homologue masculin, Julien Bontemps, et l'encadrement de l'équipe de France. "Je savais que je ne devais pas laisser la Chinoise plus d'une place devant moi, expliquait-elle une fois la médaille fêtée, j'ai tout misé là-dessus. Pendant tout le dernier bord, je ne me suis pas retournée pour voir où était Sensini, je suis restée la tête dans le winch."
"J'ai pensé à ce qui était en train de m'échapper"
Ce titre olympique récompensait la ténacité d'une planchiste d'exception, qui, depuis 1998, n'a jamais quitté le podium mondial, même s'il lui a à chaque fois manqué l'or. "Je croyais en mes capacités, j'ai vraiment été puiser au plus profond de moi-même durant toute cette semaine, ça l'a fait", jubilait-elle.
A 26 ans, Faustine Merret touche les fruits de quatre ans de travail acharné, entrepris au lendemain de la grosse désillusion de Sydney. Les responsables tricolores lui avaient alors préféré Lise Vidal pour défendre les chances bleues en Australie, provoquant une déception légitime chez la jeune Brestoise. Mais cette dernière a eu l'immense mérite de repartir au combat pour d'abord décrocher sa qualification puis l'or, grâce à un gros mental, ne terminant qu'une fois en 11 régates au-delà de la 5e place.
On pense notamment à l'avant-dernière régate disputée lundi, au cours de laquelle Faustine Merret, très mal partie (14e), s'arracha pour finir à la 3e place et rester dans la course pour l'or. "Pendant quelques secondes, j'ai pensé à tout ce qui était en train de m'échapper, expliquait-elle à l'issue de cette journée éprouvante, mais très vite, je me suis dit que dans ces conditions, il y avait moyen de se refaire. Cela m'est arrivé à un Mondial d'être aussi mal dans une dernière manche, mais ici, remonter 10 places équivaut à en remonter 20 dans un championnat du monde !"
Et finir championne olympique équivaut à atteindre le sommet de la discipline ! Faustine Merret, en plus de permettre à la voile française de renouer avec le podium olympique, succède à Franck David, sacré en planche à Barcelone, la France tient son 10e titre à Athènes !