fafouffle!!! a écrit : ↑21 nov. 2024, 09:21
Quelque soit l'issue du conflit, si les russes reprennent les territoires qu'ils convoitent et en restent là et si les Ukrainiens revoient leurs frontières et tournent la page, j'ai entendu ce matin qu'il faudrait prévoir 700 milliards d'€ pour la reconstruction et la remise à flot de l'Ukraine.
J'ai comme l'impression que les dirigeants européens ne sont pas prêts à ce sacrifice, et pourraient laisser Poutine se démerder avec ces milliards pour remettre son ordre à lui, sous l'œil goguenard de Trump qui continuerait dans le "America first".
Mais bon, toutes les hypothèses sont envisageables, sauf celle du retrait de l'armée russe sans concession.
Encore une fois, on ne sait pas à quoi s'attendre, mais ça pue...
J'ai entendu sur une radio du service public un invité dire que la somme déjà donnée à l'Ukraine dépassait en dollar constant le plan Marshall qui lui concernait plusieurs pays et sur plus d'années. Et en pure perte vu le résultat sur le plan militaire.
Les sommes pour la reconstruction viendront plutôt du secteur privé qui va se partager les ressources naturelles et l'infrastructure, les négociations ont déjà commencé.
On peut un peu savoir à quoi s'attendre, il suffit d'écouter les exigences russes. L'Ukraine doit rester neutre, pas d'adhésion à l'OTAN, démilitarisation et dénazification. Les territoires russophones conquis deviendront russes, pour la Crimée c'est certain.
La Russie est en position de force que ça plaise ou non. Si les négociations de paix commencées en 2022 n'avaient pas été sabotées par l'occident, le coût pour l'Ukraine (et la Russie) aurait été bien moindre.
Article du monde diplomatique paru en juin 2024
Mais que font donc les journalistes et commentateurs français, d’ordinaire si friands de «documents secrets» sur la Russie ! Eux qui traquent tout «plan caché» de Moscou visant à dissoudre la cohésion des sociétés démocratiques, toute «taupe» russe tapie dans l’appareil d’État? Le 28 avril, le quotidien conservateur allemand Die Welt leur servait sur un plateau d’argent un projet confidentiel venu de l’Est, la dernière mouture de l’accord de paix négocié par Kiev et Moscou au début de la guerre. Un texte d’importance donc, dont l’adoption aurait pu éviter deux ans d’affrontements et des centaines de milliers de morts. Les médias hexagonaux n’en ont presque rien fait (1), peut-être soucieux de ne pas creuser une affaire où le camp des va-t-en-guerre occidentaux ne tient pas le meilleur rôle.
Istanbul, 29 mars 2022. Les délégations russe et ukrainienne se retrouvent pour un nouveau round de négociations, le septième en un mois, dans un contexte militaire mouvant où l’agresseur russe essuie ses premiers revers. Au terme des discussions, chaque camp salue des avancées «significatives» et affiche son optimisme. Kiev ouvre la porte à un statut de neutralité, Moscou à un cessez-le-feu. Pourtant les discussions s’interrompent, pour des raisons qui demeurent débattues. Le document de Die Welt apporte quelques précisions.
D’après la version officielle, la révélation des massacres de Boutcha, dans les premiers jours d’avril, aurait changé la donne, convainquant le président Volodymyr Zelensky qu’il ne pouvait plus négocier avec des «génocidaires». En réalité, les échanges continuent, en visioconférence, près de quinze jours après la découverte des crimes de guerre, jusqu’au 15 avril. Deux semaines de tractations qui ont transformé les grandes lignes fixées à Istanbul en un texte détaillé, long de dix-sept pages. À sa lecture, on mesure les priorités des deux camps, et l’ampleur des compromis auxquels ils étaient disposés pour faire cesser les combats.
Plutôt que des conquêtes territoriales, la Russie cherche à obtenir des garanties de sécurité à ses frontières, en posant dès le premier article la «neutralité permanente» de l’Ukraine, qui accepterait de renoncer à toute alliance militaire, d’interdire la présence de troupes étrangères sur son sol, de réduire son arsenal, tout en gardant la possibilité d’adhérer à l’Union européenne. En contrepartie, Moscou se serait engagé à retirer ses troupes des zones occupées depuis le 24 février, à ne plus attaquer l’Ukraine, et aurait consenti pour garantir cet engagement au mécanisme d’assistance réclamé par Kiev : en cas d’agression de l’Ukraine, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies seraient engagés à la défendre.
Pourquoi les Ukrainiens ont-ils finalement quitté la table des négociations, alors qu’ils avaient poursuivi les discussions, malgré Boutcha, et que la paix semblait à portée de main ? Depuis deux ans, les indices pointent la responsabilité des États-Unis et du Royaume-Uni, qui, trop confiants dans la déroute de Moscou, auraient fermement rejeté le dispositif de protection imaginé par les négociateurs. «Quand nous sommes revenus d’Istanbul, Boris Johnson est arrivé à Kiev [le 9 avril] et il a dit : “Nous ne signerons rien avec [les Russes], continuons à nous battre”», relatait récemment le chef des négociateurs ukrainiens, M. David Arakhamia (2). Un récit contesté par l’intéressé, mais corroboré par une enquête du Wall Street Journal (3).
Les médias français, eux, regardent ailleurs.