Cap Vert et Windsurf à l'Honneur, Tout le Monde en parle
Posté : 12 janv. 2006, 17:25
source <a href='http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 867,0.html' target='_blank'>Le Monde</a><br /><br />"Chaise longue à l'hôtel, planche à voile ou kite-surf ? Pas d'autre choix pour les vacanciers qui séjournent à Sal, l'une des neuf îles du Cap-Vert, cet archipel au large du Sénégal. Vent quasiment assuré, plans d'eau pour la vitesse, vagues pour les sauts et les descentes vertigineuses dans l'écume, le Cap-Vert est connu depuis longtemps des amateurs de glisse comme l'un des meilleurs spots de la planète. Sa relative proximité avec l'Europe (entre six et sept heures d'avion) et des eaux chaudes toute l'année en font une destination appréciée depuis longtemps.<br /><br />"C'est un des endroits où l'on a le plus de chance d'avoir des conditions idéales", se félicite Babeth Coquelle, ancienne détentrice du record du monde de vitesse de planche à voile, installée sur l'île depuis plusieurs années. "On peut tirer de longs runs sur l'eau plate derrière les dunes. Et, à certaines périodes, les déferlantes n'ont rien à envier à celles d'Hawaï. L'alizé est régulier pendant l'hiver."<br /><br />C'est ce vent, et les vagues qu'il soulève avec les dépressions nées au milieu de l'Atlantique, qui est à l'origine du succès du Cap-Vert comme destination touristique. Des dizaines, voire des centaines de voiles et d'ailes sillonnent en permanence la mer devant Santa Maria, le pôle touristique de l'île de Sal. Amateurs de planche à voile, et, depuis quelques années, passionnés de kite-surf, cette minuscule planche de surf tractée par un cerf-volant, s'en donnent à coeur joie.<br /><br />Les clubs nautiques ont poussé comme des champignons sur les plages et sur les dunes. L'uniforme est au short long et au tee-shirt siglé. Le cheveu se porte décoloré. Les plus grands champions viennent chaque année s'entraîner sur le gros swell (la grande houle) de l'Atlantique.<br /><br />Ces sportifs sont à l'origine du développement du Cap-Vert comme destination touristique. Il y a vingt ans, l'île de Sal ne comptait qu'un seul hôtel international. Il accueillait essentiellement les équipages de la compagnie aérienne sud-africaine, interdits de séjour sur le continent africain pour cause d'apartheid, mais acceptés sur cette ancienne colonie portugaise.<br /><br />Au même moment, les édiles de la toute jeune République cherchaient un moyen d'accueillir quelques touristes pour tenter de créer une activité économique susceptible d'enrayer l'exode de ses habitants. C'est alors que François Guy, l'un des pionniers de l'enseignement de la planche à voile en France, de passage au Sénégal pour trouver un nouveau site pour son école, entend parler de l'archipel : "Le Père blanc cap-verdien qui faisait la conférence insistait sur la présence d'un vent violent, en particulier à Sal."<br /><br />En 1986, François Guy débarque sur Sal avec ses planches. Son centre de windsurf fournit des clients à l'hôtel que vient de construire le groupe Accor. En 1988, une première rotation d'avions-charters est organisée avec l'Europe. "Tous remplis de planchistes", se souvient Patrick Heinz, un des pionniers de l'accueil sur l'île, aujourd'hui propriétaire d'un immense et superbe restaurant sur la plage de Santa Maria.<br /><br /><br />MORCEAU DE SAHEL<br /><br /><br />Très vite, des passionnés venus d'Allemagne et d'Italie débarquent en nombre pour pratiquer leur loisir favori. Plusieurs hôtels s'élèvent désormais le long de la côte. "Tellement de constructions que le régime des vents en est parfois perturbé, regrette Guido Resca, un Italien responsable depuis neuf ans d'un centre de plongée. Heureusement, les fonds sont parmi les plus beaux du monde."<br /><br />C'est pour fuir ce bétonnage galopant que François Guy est allé installer son école de planche sur l'île voisine de Boa-Vista. Le poil roux et la moustache fournis, marié à une Cap-Verdienne et père d'une ribambelle de gamins rigolards, ce cinquantenaire savoure le charme d'une île restée authentique. Citoyen d'honneur d'un pays qui sait ce qu'il lui doit — l'île de Sal a vu sa population doubler en dix ans —, François Guy savoure cette incroyable coïncidence : "La République du Cap-Vert et la première compétition officielle de planche à voile sont nées le même jour : le 5 juillet 1975."<br /><br />Mais les habitants de l'île de Sal, véritable morceau de Sahel au milieu de l'océan Atlantique, le reconnaissent : "Il n'y a pas grand-chose à voir sur notre île." Quelques vestiges d'une exploitation de marais salants dans un imposant cirque naturel, à Pedra Lume. Ou Palmeira, un modeste village de pêcheurs. Sinon, des paysages désertiques sans charme particulier.<br /><br />A Sal vient pourtant d'ouvrir un immense hôtel de 500 chambres, un établissement luxueux de la chaîne majorquine Riu. "Le nombre de chambres augmente d'un quart d'une année sur l'autre et atteint maintenant le chiffre de 4 000, précise Nelson Evora, le président de l'Association de promotion de l'archipel. En dix ans, le nombre de touristes qui nous visitent est passé de 30 000 à 140 000 par an."<br /><br />La majorité de ces touristes sont d'abord attirés par un soleil garanti, parfois voilé cependant d'une brume marine. Car cette terre aride ne connaît au mieux que quelques heures de pluie chaque année. On y dit même que "les chèvres mettent des lunettes vertes pour trouver de quoi brouter". Tous les visiteurs du Cap-Vert sont en revanche frappés par la constance d'Eole. Un vent qui peut souffler impétueusement. Et qui fait le bonheur des surfeurs en tout genre. <br /><br />Christophe de Chenay<br />Article paru dans l'édition du 13.01.06
