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2 ans déjà..., un texte

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med
Jiber
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2 ans déjà..., un texte

Message par med »

Petit texte écrit il y a plus de deux ans. Que de choses ont changées depuis <!--emo&:D--><img src='smileys/biggrin.gif' border='0' style='vertical-align:middle' alt='biggrin.gif' /><!--endemo--> <br />Et vive la pétole lorraine <!--emo&:angry:--><img src='smileys/mad.gif' border='0' style='vertical-align:middle' alt='mad.gif' /><!--endemo--> <br /><br /><b><u>Beauduc</u></b><br /><br />D36, D36c, C140, chemin de terre ondulée : j’y vais, j’arrive, j’y suis. Le bout du monde, à plus de dix kilomètres de la dernière trace de bitume, de la dernière prise électrique, du dernier point d’eau courante potable. Le bout du monde, vaste notion aussi fausse qu’abusive à la surface d’un monde vaguement sphérique ; le bout du monde, partout et nulle part à la fois. Dix-huit heures, fin septembre, le ciel est déjà sombre des averses passées et à venir, du soleil déjà bas et pratiquement à l’ouest. L’air est humide et frais, sensation renforcée par le faible vent du sud-est et les nuages menaçants. Le sable est dur, la piste étroite et rectiligne. Elle me guide le long de la plage, le long des camping-cars, des voitures, des tentes équidistants d’une cinquantaine de mètres, à la recherche d’avance inutile de quelque connaissance, de quelque ami. Me voici au bout de la zone habitée : demi-tour – je ne connais effectivement personne ici – à la recherche d’un emplacement pour manger et dormir. Entre le van rouge d’un allemand et de son chien et le monospace bordeaux et la tente de trois kiters. Je sors ma table de camping, ma chaise pliante, mon réchaud et une casserole ; je mets de l’eau à bouillir pour faire des pâtes. Je roule un joint, et regarde des kiteboarders se faire tracter à tour de rôle par une voiture, dans le plus pur style wakeboard. Une averse me force à me replier dans la voiture : seule la place du chauffeur est libre, tout le reste étant pris par mon matériel de planche à voile. Pas le temps de tout arranger pour obtenir mon salon intérieur ; pourvu que l’ondée cesse. J’ai faim. Il ne pleut plus. Je dévore des tartines de pâté en attendant que l’eau bout. Les moustiques m’agressent. J’avais oublié qu’il fallait mettre un pantalon. J’en enfile un par-dessus mon short. L’eau bout, les pâtes cuisent et la nuit tombe : je mange dans le noir. A peine vingt heures : demain, je mangerais plus tôt. Les pâtes cuites, le gaz est libre pour les œufs. Je range tout en vrac dans la voiture. Vingt heures trente à peine, rien à faire, dans le noir. Attendre. Attendre jusqu’à demain en espérant le vent, seul motif valable à la vie. Je n’ai pas sommeil et les nuits durent plus de douze heures. Je me fais chier, tout seul. Un dernier joint me propulse dans un sommeil agité, comateux, peu réparateur et sans rêve. L’orage me réveille : pas même encore vingt-deux heures. Branle-bas de combat, départ de voitures et de camping-cars en tout sens. Que faire ? Les suivre ? Non, plutôt attendre. L’orage s’aggrave, le ciel nous pleut sur la tête. J’enfile mon pantalon et mon t-shirt. Je quitte mon lit pour prendre le volant. Je démarre, allume les feux de la voiture. La plage est déserte. Au loin, un camping-car et une voiture. Ça craint, ici, sous l’orage ? Non, c’est juste inondé, mais on peut tout de même rouler sur la piste. T’es en tente ? Non en voiture. Au pire, tu te mets sur le chemin à l’entrée, c’est moins inondé. Je me sens un peu c*. Je n’ai plus rien à faire que de partir sur le chemin susmentionné. Mais où est la sortie ? Une ouverture de deux mètres de large entre des rochers, pour toute une plage de quelques kilomètres. Je suis allé trop loin. Enfin, je trouve. Je sors en visant entre les blocs de pierre. Je touche un rétroviseur. Un peu rayé. Je me gare, me recouche et m’endors.<br />La pluie me berce et me réveille. Sept heures. Une éclaircie. Je me lève. Je sors les planches à voile de la voiture et les sangle sur le toit. Je me dépêche, le ciel est menaçant. J’installe la table basse et le siège passager arrière pour petit-déjeuner. Il pleut à nouveau. Je marche dans les dunes à la recherche d’un coin tranquille. Le PQ mouillé se désagrège, les moustiques m’agressent, la journée commence bien ! De retour à la voiture, je fais un brin de toilette sous la pluie. Je suis mouillé et j’ai froid. Le vent du sud-est souffle trop peu. Je cherche un coin sec sur la plage et m’y rend en voiture. Il est neuf heures et demie et je vais passer ma journée dans la voiture. Le temps de méditer, de lire, de fumer. Je me sens dans film diffusé sur arte à deux heures du matin : pour seul dialogue le bruit des vaguelettes se brisant sur le sable et le sifflement du vent dans l’aérodynamisme de ma voiture. Pour seul acteur, moi-même ne faisant rien. Pour seul paysage, l’immensité de la Camargue, le sable et les dunes. De temps à autre, une voix off – la mienne – déclame mes pensées – ce texte – d’une voix monocorde. Le téléspectateur a lui au moins la chance d’avoir une version après montage qui ne dure qu’une heure ou deux, et si le programme lui déplait, de changer de chaîne. Moi non. Je dois vivre cette journée dans son intégralité. Ce film serait chiant à l’image de ces instants vécus. Je programme des stations sur mon autoradio et zappe d’une chaîne à l’autre. Je lis. Je me fais à manger. Parfois une éclaircie m’autorise à quitter mon véhicule. Mes vêtements et mes chaussures humides ne sèchent pas d’un poil dans l’atmosphère confinée de la voiture. La journée passe ainsi en interrogations multiples : que vais-je faire de ma vie ? Quel serait l’intérêt de la productivité et du rendement dans une société où l’on aurait rien de mieux à faire que de tuer le temps ? Ai-je vraiment raté ma vie à ce point ? Y aura-t-il du vent demain ? Naviguer n’est-il pas futile ? Et vivre ? Un chien –comme mon voisin allemand en possède un – pourrait-il me tenir compagnie, me faire croire à une solitude moins forte ? Je ne pense pas.<br />Enfin, le soir est là. Après avoir mangé, je peux lire et écouter la radio. La météo annonce du vent. Au dodo.<br />La sangle tape sur le pare-brise, le sac plastique me servant de poubelle claque. Il fait encore nuit mais le vent se lève. Je fini par me rendormir.<br />Le ciel s’éclaircit, le soleil écarlate point à l’horizon : sept heures quarante environ. Je m’extirpe de ma couchette, m’habille et me prépare un petit-déjeuner avec les moyens du bord, c’est à dire plus grand-chose à de mangeable de si bonne heure et une tasse de thé. Je mets vêtements et chaussures à sécher dehors, au soleil, au mistral. La journée s’annonce bien. Le vent est léger, mais ç’a l’air jouable. Je sors ma planche de freestyle – shapée par mes soins avec amour – et grée ma 6.4. Il est neuf heures passée. J’enfile ma combinaison intégrale et regarde l’allemand qui est déjà sur l’eau. Il va vite. J’étarque bien à l’amure et à l’écoute pour que ma voile perde en puissance. Je pose le matériel à l’eau et c’est parti ! Je ne pense plus : je navigue. Jibes, sauts, premier duck jibe et premiers aérial jibes. Je prends mon pied, je suis heureux, insouciant et vivant. Ça valait la peine d’attendre tout le dimanche dans la voiture. Mais déjà le vent faiblit. Le planing n’est plus qu’un souvenir. Je rejoins la plage et ma voiture. Une pause ne fait pas de mal. Les kiters « envahissent » la plage. Tandis que je déjeune, je vais en voir un qui joue avec son anémomètre : 17 à 20 nœuds. Super ! Je repars sur l’eau, en 6.4, toujours. Loin d’être à la rue, surtoilé, je ne plane pas, le waterstart est même impossible. Alors je danse au ralenti avec ma voile et ma planche dans un ballet qui ne doit être beau qu’intérieurement. Je danse durant des heures, jusqu’à ce que le vent soit si faible que l’équilibre en devienne précaire. Je fais sécher mon matériel, je dîne, je range, je lis, j’écoute la radio. Demain, ce sera le vent du sud-est. On m’a dit d’aller aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour avoir jusqu’à deux mètres de vagues.<br />Je n’ai plus d’eau potable, presque plus de nourriture : je dois dans tous les cas partir. Arrivé aux Saintes, je me rends à la capitainerie : vent de secteur sud-est force 4 à 5 le matin, force 5 à 6 l’après-midi, forcissant à 7 dans la soirée. Parfait. Parfait, sauf qu’il n’y a pas un souffle. Je cherche une boulangerie et un point d’eau pour mon petit-déjeuner. Midi et toujours pas un souffle : je décide rentrer dans le Bourbonnais. Il pleut. Retour à la capitainerie pour voir si je ne me serais pas trompé. Non. Merde.<br />Soudain, les drapeaux claquent et des vaguelettes viennent se briser sur la plage. Je fonce à la voiture pour gréer 6.4. Le temps de me préparer, le vent a forci et des vagues d’un bon mètre sont visibles. J’essaie quand même : ça va vite et ça décolle haut. Vent side-onshore, bâbord au saut, tribord au surf : parfait pour moi. Mes cuisses et mes biceps sont en feu : je vais gréer 5.4. Retour sur la plage pour constater un vent de plus en plus fort et des vagues d’un bon mètre cinquante : je suis toujours aussi à la rue, mais je persiste encore un peu ; je contrôle toujours, tout va bien. Raisonnablement, je me décide à prendre ma planche de vague et à gréer 4.5. Le courant est fort, le vent rafaleux : je dérive de deux cents mètres en un bord. Plus je tente de remonter au vent, et plus je dérive. Seule solution : remonter à pied le long de la plage. Exténuant. Un autre planchiste se trouve dans la même situation désagréable que moi. Nous marchons pendant que des pratiquants plus aguerris surfent et sautent avec une aisance déconcertante, vers le port. Le courant y est moins fort et nous pouvons naviguer : quel plaisir. Chaque saut est un vol suspendu sous la voile, chaque surf donne une accélération incroyable, chaque passage de mousse est défi duquel on ne sait jamais si l’on sortira vainqueur ou vaincu, chaque chute fait craindre le pire. Deux mètres, trop gros pour moi ; les mousses m’avalent et me recrachent, les rampes me satellisent en tous sens ; je chute, je chute, je chute encore. Dix-sept heures : il est temps pour moi d’achever ces vacances. Seul l’espoir d’une prochaine session me maintiendra en vie. Peut-être…<br /><br />* J'y crois pas ! Ca censure les gros mots maintenant ! °°° Mot Interdit °°° Couille bite nichon <!--emo&;)--><img src='smileys/wink.gif' border='0' style='vertical-align:middle' alt='wink.gif' /><!--endemo-->
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