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Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la quasi-totalité des modèles omet la monnaie.
es banques et la monnaie ne sont-elles pas des intermédiaires financiers ?
G. G. : Si, mais les banques ne sont pas des relais passifs, elles frappent monnaie tous les jours. La Banque d’Angleterre, dont le chief economist, Andrew Haldane – un homme courageux –, rappelle régulièrement que les banques ne sont pas que des intermédiaires financiers : elles créent de la monnaie ex nihilo, légalement, en permanence.
Bien entendu, toutes ces aberrations sont toujours présentées sous le prétexte de la simplification, renvoyant à plus tard la tâche d’attaquer les « choses sérieuses ». En réalité, ces simplifications emportent avec elle des décisions de modélisation et in fine des options politiques fortes. Par exemple, le fait de faire « comme si » les banques ne créaient pas de monnaie permet d’entretenir la fiction selon laquelle la planche à billets est toujours et partout inflationniste. Si c’était le cas, il conviendrait de fermer toutes les banques demain matin.
En quoi cette simplification est-elle selon vous porteuse de manipulation politique ?
G. G. : Parce qu'elle entretient l’idée fausse selon laquelle la création monétaire est ipso facto inflationniste. Elle permet de retirer le pouvoir de battre monnaie des mains du souverain politique au motif qu’il en usera forcément à des fins électoralistes et aux dépens de la stabilité des prix; installant l’idée que la Banque centrale doit absolument être indépendante. En Colombie, par exemple, la Banque centrale de Bogota défend aujourd’hui jalousement son indépendance, éventuellement aux dépens d’un certain nombre d’investissements que le gouvernement colombien souhaite financer.
Autre approximation des modèles néoclassiques, probablement la plus étonnante, ils reposent presque tous sur l’hypothèse des « anticipations rationnelles ». Cette hypothèse signifie que, compte tenu de l’information dont ils disposent, les ménages et les entreprises sont supposés anticiper parfaitement le déroulement de l’économie jusqu’à la fin des temps. Ne riez pas, c’est vrai !"