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<br>Californie, 28 Février 1968
<br>"J'aimerais faire part à ceux qui veulent savoir, de ce que la vie m'a appris sur la discrimination raciale... Jusqu'à ce que la philosophie qui soutient l'existence d'une race supérieure et d'une autre inférieure soit discréditée et abandonnée définitivement et de façon permanente jusqu'à ce qu'il n'existe plus de citoyens de première classe et de seconde classe au sein d'une nation, jusqu'à ce que la couleur d'un homme n'ait pas plus d'importance que la couleur de ses yeux, jusqu' à ce que les droits fondamentaux des hommes soient garantis, ce de façon égale et sans considération raciale... Jusqu'à ce jour, le rêve d'une paix durable, l'ambition de devenir citoyen du monde, et l'existence souveraine d'une existence internationale, ne seront qu'une illusion fuyante, que l'on poursuit sans jamais pouvoir l'atteindre.
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<br>Et jusqu'à ce que le régime ignoble et voué à néant qui tient actuellement nos frères en Angola, au Mozambique, en Afrique du Sud, par un lien inhumain, soit renversé, complètement détruit; jusqu' à ce que le fanatisme, les préjugés, la malveillance et l'égoïsme inhumain soit remplacé par la compréhension, la tolérance, et la bienveillance; jusqu'à ce que tous les Africains se lèvent et parlent en êtres libres, égaux aux yeux du Tout Puissant; jusqu'à ce jour, le continent africain ne connaîtra pas la paix.
<br>Nous, les Africains, nous battrons si cela s'avère nécessaire, et nous savons que nous aurons gain de cause, car nous croyons à la victoire du bien sur le mal."
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<br>Californie, 28 février 1968.
<br>Traduction française magazine JahNhoy
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<br>"La voix de l'Ethiopie", 5 Avril 1958
<br>"On ne peut nier le fait qu'autrefois, la vie de l'homme n'était que peine et épreuve. On peut donc dire que la civilisation moderne et le progrès de la science ont grandement amélioré la vie de l'homme et ont apporté confort et bien-être à son existence. Mais la civilisation peut servir l'homme aussi bien pour de bonnes que pour de mauvaises intentions.
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<br>L'expérience montre qu'elle a invariablement apporté de grands bénéfices à ceux qui l'ont utilisée à bon escient, pendant qu'elle apportait mal et damnation incommensurables à ceux qui l'ont utilisée à de mauvaises fins. Par conséquent, pour que nos volontés soient soumises aux bonnes influences, et pour éviter le mal, il faut faire preuve d'une grande sagesse. Afin de suivre cette action, on doit être guidé par la religion. Le progrès sans la religion, est comme une vie cerclée de dangers inconnus, et même comme un corps sans âme. Toutes les inventions humaines depuis l'instrument primitif jusqu'à l'atome moderne, peuvent considérablement aider l'homme dans ses entreprises pacifiques mais si elles sont utilisées à de mauvaises intentions, elles ont la capacité d'exterminer la race humaine de la surface de la Terre. C'est seulement lorsque l'esprit humain est guidé par la religion et la moralité que l'homme est en mesure d'acquérir la vision nécessaire pour donner à ses ingénieuses inventions et appareils un usage réellement utile et bénéfique. Le progrès de la science peut être nuisible pour l'homme seulement lorsqu'il est utilisé à de mauvaises fins, et non parce qu'il revendique une priorité sur la religion dans la révélation de la science à l'Homme. Il est important que le progrès spirituel suive le rythme du progrès matériel. Quand on réalise cela, le voyage de l'homme vers des valeurs plus élevées et plus durables révèle des progrès plus signifiants pendant que le mal s'éloigne de lui. Sachant que le progrès matériel et spirituel sont essentiels à l'homme, nous devons sans cesse travailler pour la réalisation commune des deux. Seulement alors serons nous capables d'acquérir ce calme intérieur absolu si nécessaire à notre bien être. Ce n'est que lorsqu'un peuple rétablit l'équilibre entre le progrès scientifique et le progrès spirituel et moral qu'il peut se dire posséder une identité parfaite et complète, et non une identité déséquilibrée. Le type de progrès que nous avons prévu pour l'Ethiopie est basé sur ces principes fondamentaux."
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<br>Extrait d'interview à "La Voix de l'Ethiopie" publiée le 5 avril 1958
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<br>Conférence de Belgrade des Nations Unies, 3 Septembre 1961
<br>"Le spectre de la discrimination raciale qui, pendant si longtemps a projeté son ombre sombre et malfaisante sur une bonne partie de notre terre disparaît lentement. De plus en plus, on juge les hommes sur la base de leurs talents et de leurs capacités plutôt que sur les bases tant superficielles et si peu significatives de leur appartenance à une race et à une religion déterminée. Mais il y a encore ceux qui, dans leur bigoterie et leur ignorance, résistent à cette marée montante, et c’est à l’encontre de ceux-là que doivent être dirigés nos efforts.
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<br>La lutte que mènent nos frères en Afrique du Sud pour atteindre le statut d’hommes libres continue. Libres d’être debout, la tête haute, égaux parmi les autres hommes. C’est un statut que tant de millions d’Asiatiques et d’Africains n’ont seulement atteint qu’hier. Nous ne nous serons pas acquittés de notre devoir, notre but ne sera pas atteint, notre victoire ne sera pas gagnée, tant que l’Apartheid, cette politique illégitime du gouvernement de l’Union Sud-Africaine, régnera sur une quelconque partie de cette terre.
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<br>Il y a eu en Afrique du Sud une tentative de légiférer l’inégalité des races. Cette tentative est condamnée à l’échec. Nous nous sommes ici engagés à ne prendre aucun répit dans cette lutte tant que l’absence et le simulacre de raisons valables justifiant cette loi ne soient révélés aux yeux de tous et jusqu’à ce que ceux qui l’ont utilisée pour servir leur propre but l’aient abjurée, car cette doctrine est une insulte pour tous les hommes, au Dieu Tout-Puissant à l’image duquel nous avons été créés. Mais en même temps, ne perdons pas de vue qu’il est extrêmement difficile de légiférer le concept d’égalité, car ce sujet fait appel à des attitudes et des valeurs sur lesquelles, hélas, l’intellect n’ a que peu de contrôle. Ne sombrons pas dans la même haine envers ceux qui, protégeant leur liberté à l’appel des préjugés, révèlent à travers leurs actions que le poison de la discrimination raciale a des effets durables. Par cette réaction que nous pourrions avoir, il ne faudrait absolument pas qu’il se révèle que se cache en nous, pas moins qu’en eux, une quelconque capacité à se laisser emporter par des passions irraisonnées. Il ne faudrait pas que se démontre la possibilité que nous, pas moins qu’eux, puissions être sensible à ce virus qui se nomme "Intolérance". Soyons fiers du fait que, en tant qu’hommes libres, nous dénonçons, attaquons et avons en horreur la discrimination raciale où qu’elle soit et quelle qu’elle soit. En plus des pressions économiques dont nous pouvons faire usage, nous pouvons faire sentir tout le poids de notre pression morale et rallier l’opinion mondiale à notre cause, en mettant à jour la brutalité, l’inhumanité, le vice inhérent et le mal que cette politique personnifie."
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<br>Discours de sa Majesté Hailé Sélassié Ier.
<br>3 sept. 1961 Conférence de Belgrade des Nations Unies.
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<br>Université "Hailé Selassié 1er", 18 décembre 1961
<br>"Personne ne peut ignorer l’importance de la spiritualité dans ce cycle d’études. L’instruction et la formation technique doivent être nourries par la foi en Dieu, le respect de l’âme humaine et le respect du raisonnement de l’esprit. Il n’est pas d’ancrage plus sûr pour notre instruction, nos vies, et nos actions publiques, et ces dernières doivent être couplées avec l’enseignement du divin et de ce qu’il y a de mieux dans la compréhension de l’humain.
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<br>La fonction de dirigeant développée ici est inspirée des valeurs fondamentales et du pouvoir moral qui ont constitué l’essence de nos enseignements religieux depuis des siècles. Notre temps est un temps critique au cours duquel nations s’élèvent contre nations. Les tensions augmentent et le désastre est possible à tout moment. Les distances sont raccourcies. La paix et la vie sont menacées par le conflit et l’incompréhension. Il est grand temps aujourd’hui que la croyance sincère dans la parenté de l’homme à Dieu soit la fondation de tout effort que l’homme déploie pour son édification et instruction personnelles, la base de toute compréhension, coordination et paix. Nous nous chargeons, membres de cette université, de veiller à ce que ces valeurs spéciales demeures primordiales, telles un fondement pour votre connaissance et votre pensée. Ainsi les vérités fondamentalement morales pourront soutenir et servir de bouclier à l’ossature de la vie universitaire."
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<br>Discours de Sa Majesté Impériale Hailé Sélassié Ier.
<br>lors de la création de l’université “Hailé Selassié 1er” 18 décembre 1961
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<br>Faculté d'Addis Abbeba, 23 Septembre 1963
<br>"L’éducation développe l’intellect, et l’intellect distingue l’homme des autres créatures. C’est l’éducation qui permet à l’homme de mettre la nature à son service et d’utiliser ses ressources pour le bien-être et l’amélioration de la qualité de vie humaine. L’éducation est la clef de l’amélioration et l’accomplissement d’une vie moderne car l’homme ne peut vivre seulement de pain.
<br>L’homme est aussi fait d’intellect et d’âme. Par conséquent, l’éducation en générale, au delà du physique, à pourvoir en nourriture l’esprit et l’âme. Toute éducation qui ignore la nature intrinsèque de l’homme et qui néglige son esprit et son savoir de raisonnement, ne peut-être considérée comme une véritable éducation. Une éducation bien faite ne devrait pas être celle qui prépare les étudiants uniquement à une bonne rémunération. Elle devrait être celle qui est en mesure de les aider et de les guider vers l’acquisition d’une réflexion pure, une pensée fertile et un esprit élevé.
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<br>La personne éduquée dont l’Ethiopie et les pays de son niveau ont besoin, n’est pas celle qui a emmagasiné des bribes de connaissances. La personne éduquée est celle qui utilise les idées qu’elle tire des conférences auxquelles elle a assisté, des ouvrages qu ‘elle a lus et des discours qu’elle a entretenus pour le bénéfice de son pays et de son peuple, c’est celle qui répand de nouvelles idées en harmonie avec les aspects sociaux et économiques de sa communauté afin que des résultats fructueux soient atteints."
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<br>Discours de sa Majesté Hailé Séladdié Ier
<br>23 septembre 1963, Faculté d’Addiss Abbaba.
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<br>Création de l'O.U.A
<br>"(...) Mais à côté de cela, dans tout ce qui a été dit, écrit ou fait au cours de ces dernières années, il y a un thème commun. L’unité a été acceptée comme étant l’objectif à atteindre.
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<br>Nous discutons sur les moyens et les différentes méthodes pour y parvenir. Nos débats tournent autour de techniques et de tactiques. Mais quand tout cela est mis de côté, nos différences sont réduites à peu de choses. Nous sommes résolus à créer l’unité des Africains. A vrai dire, notre continent n’est pas encore fait. Il attend sa construction et ceux qui doivent le bâtir.
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<br>Il est notre devoir et notre privilège de réveiller ce géant, mais non point au niveau du nationalisme de l’Europe du 20ème siècle, non point à une conscience régionale, mais à la poursuite d’une fraternité Africaine Unique déployant ses efforts unis vers l’accomplissement d’un plus grand et d’un plus noble idéal.
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<br>Nous devons éviter avant tout de tomber dans les pièges du tribalisme. Si nous sommes divisés sur une base tribale, c’est une invitation à l’intervention étrangère avec toutes les conséquences néfastes que cela comporte.
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<br>Tout en reconnaissant que l’avenir de ce continent, en dernier ressort, réside dans une union politique, nous devons également reconnaître que les obstacles à surmonter pour y parvenir sont nombreux et difficiles. Les peuples d’Afrique n’ont pas acquis leur indépendance dans les mêmes conditions. Il possèdent des systèmes politiques différents. Nos économies sont différentes et nos systèmes sociaux fondés sur des cultures et des traditions diverses. D’autre part, il n’existe pas d’accord sur le comment, ni sur le contenu de cette Union. Sera t-elle dans sa forme fédérale, confédérale ou unitaire? La souveraineté de chaque pays en sera t-elle diminuée et dans ce cas là, dans quelle mesure et quel(s) domaine(s) ?
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<br>Si nous attendons d’arriver d’abord à un accord sur ces points, et sur d’autres questions similaires, plusieurs générations se succéderont avant d’avoir suffisamment progressé alors que le débat ne fera que continuer à faire rage."
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